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Tchad: la difficile intégration des nouveaux réfugiés soudanais [3/5]

Si l’immense majorité des Tchadiens accueillent à bras ouverts ces réfugiés soudanais, la pression exercée sur les maigres ressources de la région provoquent quelques tensions, notamment avec les « anciens…

Tchad: la difficile intégration des nouveaux réfugiés soudanais [3/5]

Carol Valade il y a 14 jours - @Actualité

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De notre envoyé spécial à Farchana,

Du haut du rocher qui surplombe la plaine, on distingue le premier camp des années 2000 avec ses airs de petit village, les nouvelles maisonnettes en paille construites en 2023 et les toutes dernières extensions faites de bâches et de taules où s’est installée la famille d’Hatim Abdallah Al Fader.

« Bon, ce n’est pas si mal... Après tout, il faut comprendre que c’est un abri d’urgence alors quand il fait chaud dehors il fait chaud dedans et pareil quand il fait froid », relativise Hatim Abdallah Al Fader. « Il n’y a qu’une seule fenêtre donc l’air ne peut pas vraiment circuler. Mais ce n’est pas grave parce que c’est temporaire. J’espère que je ne vais pas rester ici trop longtemps, car mes enfants ont besoin de faire des études, c’est ça ma priorité », explique-t-il.

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« J’ai tout fait moi-même »

En deux semaines, cet ancien consultant a déjà construit sa clôture et un auvent. Comme lui, près de 12 000 réfugiés ont été relocalisés sur ce site aride et balayé par les vents.

Harmra Adam Mahamat et ses six enfants vivent ici depuis près d’un an. Depuis que des hommes en armes ont dévasté son village, elle n’envisage plus de rentrer. D’épais murs en briques protègent sa maison de la canicule. « Ah non, ce n’était pas comme ça du tout comme ça quand je suis arrivée ! La bâche, les voleurs peuvent la couper pour rentrer dans la maison, et la paille, elle risque de prendre feu », s’exclame-t-elle. « Oui j’ai tout fait moi-même, ça m’a pris quatre mois, car pour trouver de l’eau pour faire les briques, c’est tout un problème dans cette région. Maintenant je suis en train de construire des toilettes, cela va tout changer », espère Harmra Adam Mahamat.

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Des distributions pour les nouveaux réfugiés au détriment des plus anciens

Faute de financements, le Programme alimentaire mondial a dû couper les distributions prévues pour les « anciens » au profit des nouveaux réfugiés, plus démunis encore. Mahamt Khamis Ismail, les cheveux blancs, le regard doux, fut parmi les premiers arrivés sur le site. « Certains anciens ne comprennent pas cette différence de traitement, ils disent que nous sommes tous des réfugiés et que donc nous devons tous être traités de la même manière et recevoir la même chose. Cela a créé quelques problèmes, il y a eu des violences, quelques anciens ont attaqué les nouveaux pour piller les vivres, mais l’armée est intervenue et ils sont en train de régler ça. »

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« Pour ma part », conclut cet enseignant de 47 ans, « je pense qu’il faut donner aux nouveaux dont les blessures sont plus fraîches. Les nôtres sont plus anciennes même si tout aussi douloureuses. »

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