RFI : Alexandre Barro Chambrier, quel est votre état d'esprit aujourd'hui ? Plutôt confiant, plutôt méfiant ?
Alexandre Barro Chambrier : Mon état d'esprit est confiant parce que l'intervention des militaires a été salutaire. Nous aurions eu un bain de sang, des réactions d'hostilité vis-à-vis de ce pouvoir qui n'avait plus aucune légitimité.
Pourtant, n'étiez-vous pas de ceux qui pensaient que les militaires avaient fait leur coup de force pour éviter l'alternance et sauver l'essentiel ? Vous vous êtes finalement fait une raison ?
Bon, il est évident que notre souhait aurait été que les résultats de l'élection puissent être donnés, mais l'idéal n'est pas toujours possible et effectivement, il faut bien admettre qu’on ne pourra plus revenir en arrière.
Qu'est-ce qui vous inquiète le plus à présent ?
Nous souhaitons pour notre pays la démocratie et la transparence. Nous ne souhaitons pas que l'on passe d'une dictature civile à une forme de dictature militaire. C'est un homme animé de bonne foi [Le général Oligui Nguema, président de la transition du Gabon, NDLR]. C'est une personne ouverte qui reçoit, qui écoute et qui, nous l'espérons, va appliquer. Mais convenez qu'en 15 jours, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour l’action, donc nous n'avons pas de raison de faire des procès d'intention ou d'être dubitatif. Nous jugerons le maçon au pied du mur.
Dans la charte de la transition, il n'est nulle part spécifié que le président de la transition, le général Oligui Nguema ne pourra pas se présenter à la présidentielle. Est-ce un problème, selon vous ?
Oui, il y a des corrections qui devront être faites et à notre avis, cela devrait être revu par les forces vives.
Le fait que les caciques du PDG d'Ali Bongo se retrouvent encore aux affaires, est-ce de nature à vous inquiéter également ?
Il y a des caciques, il y a des personnes qui ont de l'expérience, bon. Mais nous n’allons pas accepter de recyclage. Nous n’allons pas accepter que des personnes reviennent avec les idées d'antan. Nous attendons une rupture dans la gestion de l'État.
Pourquoi, dans le gouvernement de transition, n'y a-t-il aucun membre d'alternance 2023 ?
Bon, il y a d'autres personnalité qui ne sont pas marquées. Nous avons clairement indiqué que nous aurons des participants au niveau du Parlement qui pourront apporter leur contribution.
Cela suffira-t-il pour vous faire entendre ?
Écoutez, nous, nous avons l'habitude de nous faire entendre et nous utiliserons tous les canaux nécessaires si besoin était. Nous sommes dans une période qui est sensible, qui est délicate. Nous sommes sous un régime d'exception. Les militaires sont venus pour faire un travail ponctuel. C'est d'accompagner le pays, le remettre sur les rails et retrouver un ordre constitutionnel dans un temps raisonnable, c'est ça que nous demandons. Il ne faudrait pas que l'on s'installe dans la durée, de manière confortable, et il ne faudrait pas qu’on prenne goût aux délices du pouvoir.
Un an, 2 ans ?
Raisonnablement, 2 ans, cela nous paraît une période raisonnable. Oui, 2 ans, c'est largement suffisant pour faire ce qu'il y a à faire.
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