De notre correspondante à Kinshasa,
À Kanyaruchinya, dans leur cour d’école, les écoliers côtoient les déplacés. Ils sont près de deux millions et demi à avoir fui la guerre entre M23 et troupes pro-gouvernementales. Ils ont trouvé refuge dans des abris de fortune près de Goma. Parmi eux, Vainqueur, dont le prénom a été modifié. Il vient d’une zone sous contrôle du M23, mais a réussi, malgré l’insécurité, à obtenir une carte d’électeur : « Je suis venu ici à Goma pour m’enrôler parce que je voyais que le futur était sans issue. Je cherchais une carte d’électeur et je l’ai eue. » Dans son village, il n'était pas possible de se faire enrôler : « les machines d’enrôlement n’ont pas pu arriver chez nous, car c’est une zone contrôlée par les rebelles. » Le 20 décembre, il devrait donc pouvoir voter. Mais dans les camps de déplacés, son cas fait figure d’exception.
Difficile d’estimer le nombre d’exclus, mais la plupart des habitants de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo n’ont pas reçu de cartes. Qu’à cela ne tienne puisque les préoccupations sont ailleurs, explique sous une pluie battante Innocent Tumaini, chef du site de déplacés CEPAC : « Nous sommes découragés, les dirigeants que nous avons élus ne nous ont pas rendu service. Depuis que nous les avons élus, ces dirigeants restent à Kinshasa et ne font rien pour nous. De ce fait, nous n’avons pas le courage de participer aux élections. »
« Ils sont là pour cambrioler »
Dans les environs, mais aussi à Goma, tous réclament le retour de la paix. Dans la ville, sous contrôle gouvernemental, le contexte électoral est propice à l’augmentation de l’insécurité, affirme Emmanuel Kubuya Sitatsi chef de quartier adjoint de Ndosho où sévissent régulièrement des bandes armées : « Ce sont des inconnus qui arrivent en bandes et volent. Ils sont en tenue de militaire, bien armés et sont là pour cambrioler. »
L’insécurité est l’une des thématiques centrales de cette élection. À Goma, les affiches ont fleuri dans les rues, mais aucun candidat n’est encore venu y faire campagne.
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