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Conférence humanitaire internationale de Paris pour le Soudan: «Le monde n’a pas oublié le Soudan»

La conférence humanitaire internationale de Paris s’est donc achevée lundi 15 avril au soir avec 2 milliards d’euros de promesses d’aide pour le Soudan. Isobel Coleman, administratrice adjointe de Usaid,…

Conférence humanitaire internationale de Paris pour le Soudan: «Le monde n’a pas oublié le Soudan»

Sébastien Németh il y a 14 jours - @Actualité

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RFI : Samantha Power, administratrice de Usaid avait annoncé une aide supplémentaire américaine de 100 millions de dollars. Les Américains font-ils assez ? L'Allemagne vient d'annoncer 244 millions par exemple.

Isobel Coleman : Les États-Unis sont les premiers donateurs pour l’aide humanitaire au Soudan. Nous avons donné plus d’un milliard de dollars l’an dernier. Certes, à cette conférence, nous n’avons annoncé que 100 millions, mais ça ne représente pas tout ce que nous avons fait… Nous approchons pour l’instant les 200 millions cette année et bien sûr davantage de fonds viendront ensuite pour soutenir les Soudanais.

Dans la déclaration de principes, les participants ont demandé aux belligérants de respecter le droit international, de faciliter l'accès de l'aide humanitaire, d'arrêter les hostilités. Quel commentaire faites-vous après cette déclaration ?

C’est une liste de principes très importante. Ce sont des conditions nécessaires pour soulager la souffrance des populations. Nous devons absolument ramener les belligérants à la table des négociations, car cette guerre doit être réglée par des voies politiques. Le plus tôt sera le mieux, parce que la souffrance est immense, la plupart des régions du pays sont au bord de la famine. Nous voyons déjà des enfants mourir de malnutrition chaque jour. Donc il est de la responsabilité des parties en conflit d’accepter un cessez-le-feu et de permettre un accès total de l’aide humanitaire, afin d’éviter une crise encore plus grave.

Malheureusement, ce n'est pas le premier appel du genre. Et aucun n'a pour l'instant été suivi et respecté par les belligérants.

La reprise des négociations de Jeddah me donne de l’espoir. Nous n’avons pas encore de date précise, mais j’espère qu’on le saura bientôt, pour pouvoir ramener autour de la table tous les acteurs impliqués dans cette crise. Cela mettra encore plus de pression sur les belligérants et les parties qui influencent ce conflit, afin d’obtenir un cessez-le-feu. C’est la seule façon de pouvoir avancer.

Est-ce qu'il faudrait ajouter davantage de pression, des sanctions par exemple ?

Nous sommes en train d’examiner des sanctions supplémentaires. Il y en a déjà contre les deux camps et en décembre, nous avons déjà déclaré que des crimes de guerre et autres avaient été commis. Nous espérons que d’autres pays imposeront aussi des sanctions afin de, là encore, accentuer la pression.

Selon le Programme alimentaire mondial, le Soudan connaît le plus grand nombre de déplacés dans le monde. On pourrait avoir la plus grave crise de la faim actuelle. Pensez-vous que malgré tout le monde oublie le Soudan ? Et pensez-vous que la conférence de Paris puisse changer cela ?

Si vous m’aviez demandé cela la semaine dernière, j’aurais été plus pessimiste. Mais après cette conférence, je peux affirmer que le monde n’a pas oublié le Soudan. Ces 2 milliards de promesses sont la preuve que le monde s’engage. J’espère que les pays qui ont fait ces promesses les tiendront rapidement, pour que l’aide humanitaire puisse arriver le plus tôt possible.

Dans la déclaration finale, les participants ont demandé aux acteurs étrangers de cesser d'aider les belligérants. Un commentaire face à cette déclaration qui ne nomme pas ces acteurs étrangers ?

Je pense que cette déclaration a raison de dire que cette guerre ne s’arrêtera pas tant que ceux qui soutiennent les deux camps, non seulement arrêtent de les aider, mais également influencent les belligérants afin qu’ils acceptent de négocier. Nous savons tous qui sont les acteurs impliqués. Ils doivent se rendre compte que cette guerre peut déstabiliser toute la région, ce qui les mettra eux-mêmes en danger.

Ce mardi, vous serez à Genève pour une rencontre de haut niveau sur l'Éthiopie. Au Tigré, les autorités régionales ont déclaré un état de famine. Mais le Premier ministre Ahmed ne reconnaît pas cette situation. Quelle est votre analyse ?

Nous savons qu’il y a une insécurité alimentaire aiguë en Éthiopie, et pas seulement au Tigré. Et il est essentiel que les causes de cette crise soient réglées. Et là encore, il s’agit de conflits. Il y a eu les violences au Tigré, il y en a en région Amhara, en Oromia. À cela s’ajoute la sécheresse, ce qui aggrave davantage l’insécurité alimentaire.

Je serai donc à Genève pour que cette crise ne soit pas non plus oubliée. Mais avec les progrès que nous venons de constater sur le Soudan, nous espérons qu’à Genève il y aura de nouveaux engagements pour faire face aux défis humanitaires de l’Éthiopie.

Les États-Unis avaient stoppé leur aide humanitaire pendant cinq mois, après des détournements massifs. Avant de la reprendre en novembre. Est-ce qu'aujourd'hui l'aide arrive bien aux populations ?

Nous n’avions pas stoppé toute notre aide. Mais l’aide alimentaire avait été mise en pause. Nous avons travaillé avec le gouvernement éthiopien pour mettre en place des mesures améliorant la transparence, l’identification des bénéficiaires et la traçabilité, pour être certains que l’aide arrive bien aux populations dans le besoin. Pour l’instant, nous pensons que ce problème a été réglé, nous continuerons à surveiller de près, mais la nourriture arrive à ceux qui en ont le plus besoin.

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