
Guinée : Michel Pépé relève des manquements qui pourraient perturber la rentrée scolaire 2023-2024
De l'avis du secrétaire du Syndicat National de l'Éducation (SNE), la fixation de la date de la rentrée scolaire 2023-2024

Doura il y a 16 jours - @Actualité
De l’avis du secrétaire du Syndicat National de l’Éducation (SNE), la fixation de la date de la rentrée scolaire 2023-2024 au mardi 3 octobre 2023 par le département de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation risque de créer assez de problèmes.
Du point de vue technique, Michel Pépé pense que beaucoup de choses restent à faire notamment au niveau des écoles publiques par endroit décoiffées et d’autres sous- équipées en tables-bancs ; le manque criard d’enseignants en dépit du recrutement de 18 741 enseignants contractuels communaux ; Gaoual a un manque de 320 enseignants au primaire essentiellement, Kerouané 200 et tant d’autres préfectures. Et pendant ce temps plus de 500 enseignants titulaires sont en formation à l’Institut Supérieur des Sciences de l’Éducation (ISSEG ) pendant deux (2) ans pour être CPMF (Conseillers Maîtres Formateurs) , PL (Professeurs de Lycée), PEN (Professeurs d’Écoles Normales), APES (Animateurs Pédagogiques de l’Enseignement Secondaire) et autres Inspecteurs de l’élémentaire…
« Leur départ provoquera un déficit d’enseignants dans les localités où ils servaient », a-t-il prévenu.
Du point de vue conjoncturel, poursuit le leader syndical, « le non-paiement des 9 mois d’arriérés de salaire et de 12 mois de prime d’incitation des 18741 enseignants contractuels communaux recrutés au compte de l’année scolaire 2022- 2023 est une boîte de pandore qu’il va falloir garder hermétiquement fermée pour éviter le pire. Ces enseignants contractuels communaux constituent les 80 % des enseignants dans les écoles rurales et dans certaines écoles urbaines », indique-t-il.
D’après lui, les négociations tripartites en cours dans lesquelles le gouvernement n’a fait que pour le moment une offre de 12% d’augmentation de la valeur monétaire du point d’indice pour toutes les catégories de fonctionnaires et les pensionnés alors que le mouvement syndical guinéen exige une augmentation de 100%, risque de déboucher sur l’émission d’un préavis et d’un avis de grève, si et seulement si, un protocole d’accord en faveur des travailleurs n’est pas signé avant le 3 octobre 2023.
« Lorsque l’éducation se révolte, c’est tout le pays qui tremblera. Enseignants, élèves, étudiants et parents d’élèves et d’étudiants seront tous en mouvement », prévient-il.
Du point de vue fonctionnement et dotation des structures déconcentrées en budget et matériels didactiques, le leader syndical ajoute que beaucoup restent à faire à ce niveau.
« Les DCE/ DPE/ IRE n’ont pas reçu la totalité de leur budget de fonctionnement au titre de l’année scolaire 2022-2023 et n’ont aucun budget pour superviser l’effectivité de la rentrée scolaire 2023-2024 dans les sous-préfectures, districts et villages et même les délégués scolaires de l’enseignement élémentaires (DSEE) et les cellules d’inspection des structures déconcentrées n’ont aucun budget pour assurer l’encadrement rapproché dans les sous-préfectures, districts et villages. Aucun moyen de mobilité pour eux et pendant ce temps, des voitures offertes par l’UNICEF et le PNUD sont distribuées à certains cadres de l’administration centrale au détriment de ceux qui sont sur le terrain et qui ont besoin de ces voitures faites pour les pistes rurales difficilement praticables et non les routes bitumées de Conakry », dit-il.
Plus loin, il dira que la prime de documentation des enseignants du pré-universitaire et de l’enseignement technique fixée à 300 000 GNF et celle des enseignants-chercheurs et chercheurs du supérieur fixée à 700 000 GNF par an, ne sont pas encore payées pour leur permettre d’acheter de nouveaux livres.
Sur un tout autre pan, il estime que cette annonce de l’ouverture des classes est une sorte de pression supplémentaire sur les parents d’élèves à l’effet de procéder aux derniers réglages des préparatifs de la reprise des cours par leurs enfants.
Par conséquent, Michel Pépé Balamou pense que la rentrée scolaire risque de se faire en quatre ( 4) vagues.
La première vague composée d’élèves des écoles privées issues de familles aisées et d’élèves des écoles publiques très studieux issus de familles pauvres et qui utiliseront les anciennes tenues et fournitures scolaires en attendant que les parents aient les moyens d’acheter de nouvelles, histoire de ne pas perdre les premiers cours.
La deuxième vague aura lieu le lundi 9 octobre 2023, composée d’élèves paresseux disposant de toutes les fournitures scolaires mais pour le simple fait que la rentrée soit fixée après le lundi (mardi 3 octobre 2023) et qui préfèrent attendre le lundi prochain pour reprendre le chemin de l’école.
« L’État fixe officiellement la date de la rentrée scolaire et eux ils fixent officieusement une autre date à leur convenance », a-t-il déploré.
La troisième vague, quant a elle, fera sa rentrée les lundi, 16 et 23 octobre 2023. Cela concernera les élèves dont les parents ont eu la moitié des fournitures scolaires et se contentent de ça en attendant de trouver mieux.
À l’en croire, la quatrième vague fera sa rentrée le lundi 30 octobre 2023. Ils seront composés d’élèves de parents fonctionnaires et d’enseignants du privé qui attendaient le paiement du salaire du mois de septembre 2023 pour payer l’intégralité des fournitures scolaires de leurs enfants qui rivalisent d’ardeur avec leurs camarades du point de vue de la qualité des fournitures scolaires et d’autres styles vestimentaires.
Alhassane Fofana