
Après un été caniculaire qui s’est prolongé jusqu’en septembre, le gouvernement pensait être au cœur des préoccupations des Français en dévoilant son plan sur la planification écologique, annoncé pour la mi-septembre. Manque de chance, c’est de nouveau la question du pouvoir d’achat qui tourmente la population en cette rentrée, et qui rattrape l’exécutif.
Alors que l’inflation dévore le budget des ménages depuis deux ans, le prix du carburant grimpe une nouvelle fois, dans le sillage de l’envolée des prix du pétrole, frôlant le seuil symbolique des 2 euros le litre. Et pousse le gouvernement, pris de court, à lever un vieux tabou : la première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé au Parisien, le 16 septembre, que les distributeurs allaient être autorisés à vendre des carburants « à perte » pendant six mois. « Le pouvoir d’achat, c’est notre combat », assure la cheffe du gouvernement.
Pourtant, il n’est plus question de faire des chèques aux automobilistes. « La ristourne coûte extrêmement cher, on ne peut pas rembourser l’essence ad vitam aeternam », assène Sacha Houlié, président Renaissance de la commission des lois de l’Assemblée nationale.
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L’Elysée rappelle que plus de 60 milliards d’euros ont été déboursés en deux ans pour aider les Français à surmonter le pic inflationniste post-Covid, accentué par la guerre en Ukraine. « Et on continue à prendre en charge plus de 40 % du montant des factures d’électricité, insiste un conseiller d’Emmanuel Macron. Il est faux de dire que l’Etat ne met pas la main à la poche. » Le fantôme de Liz Truss, la première ministre britannique qui a dû démissionner six semaines seulement après son arrivée au 10 Downing Street pour avoir présenté un budget bancal, hante toujours, un an plus tard, l’exécutif français, qui argue de son sérieux budgétaire.
Les indépendants fragilisés
« On souhaite que tout le monde prenne ses responsabilités », encourage Elisabeth Borne dans Le Parisien Dimanche, citant en exemple TotalEnergies et son litre plafonné à 1,99 euro, ou les opérations à prix coûtant de certaines enseignes de grande distribution. Interdite par la loi depuis 1963, la possibilité de la vente à perte de carburants est inscrite dans un projet de loi qui sera présenté en conseil des ministres fin septembre et débattu en octobre au Parlement. Elle sera effective « début décembre », a précisé lundi 18 septembre le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.
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Mais les premières critiques n’ont pas tardé à l’égard d’une décision prise à la hâte qui avantagera les grandes surfaces, lesquelles seront en mesure de se rattraper sur les autres produits de consommation courante, alors que les indépendants seront fragilisés. Preuve de l’improvisation qui a présidé à l’annonce, le syndicat professionnel Mobilians, représentant 5 800 stations-service hors grandes surfaces, annonçait lundi soir que Bercy s’était engagé, à l’issue d’une réunion d’urgence, à instaurer des « mesures de compensation » pour les stations-service indépendantes… sans toutefois préciser le montant promis par l’exécutif. Une correction qui donne raison à Eric Woerth, député Renaissance de l’Oise et ancien ministre du budget sous Nicolas Sarkozy, qui prédisait lundi auprès du Monde qu’« à la fin, il y a toujours quelqu’un qui paie ».
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