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Christiane Taubira : « Nous n’avons jamais prôné la violence, jamais excusé les violents »

TRIBUNE. Dans une tribune au « Monde », l’ancienne ministre de la justice dit sa lassitude, et surtout son exaspération, face à un pouvoir coupable à ses yeux de s’en prendre à la Ligue des droits de l’homme, aux militants écologistes, aux Comoriens… Et de ne pas écouter son peuple.

Christiane Taubira : « Nous n’avons jamais prôné la violence, jamais excusé les violents »

il y a 6 jours - @Actualité

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Ils sont usants. Soûlants. Ereintants. Ils sont urticants. C’est chaque jour qu’il faudrait écrire une tribune. Et signer des pétitions. Par dizaines.

Une tribune incisive pour soutenir sans état d’âme Les Soulèvements de la Terre, en dépit de ces manœuvres d’intimidation du gouvernement qui assimilent grossièrement un mouvement écologiste dérangeant aux violences parasites et marginales survenues lors de manifestations à Sainte-Soline contre des mégabassines.

Une tribune comminatoire, qu’ils sachent que nous ne laisserons ni défaire, ni intimider, ni asphyxier la Ligue des droits de l’homme, libre de critiquer l’action de la police à Sainte-Soline, quoi qu’en pense le gouvernement. Et lorsqu’elle exige le respect du droit et des droits pour des personnes dont les propos ou l’action nous écœurent et que nous abhorrons, la Ligue intime que toute personne est sujet de droit. Ainsi faisant, elle nous rend à nous-mêmes et nous élève. Dans les combats faciles, elle nous ravit. Par ses combats difficiles, elle nous grandit. Avec sa force laïque, elle rappelle que « ce n’est pas la règle qui nous garde, c’est nous qui gardons la règle ». Nous ne la laisserons ni être muselée, ni garrottée, ni dissoute. Elle-même, d’ailleurs, ne se laissera pas faire.

Il faudrait aussi une tribune saignante pour signifier, une fois pour toutes, que nous ne passerons pas nos jours à nous excuser ou nous justifier de fautes ou de faits que nous n’avons pas commis. Nous n’avons jamais prôné la violence, jamais excusé les violents, nous ne gaspillerons pas de temps à faire des professions de foi de foire face aux sommations grotesques d’accusateurs retors radotant : « Condamnez-vous les violences ? Avant tout, condamnez-vous les violences ? Etes-vous favorable aux violences ? Vous ne mentionnez pas certaines violences, vous banalisez les violences, on ne vous a pas entendu condamner les violences ni critiquer les violents… » Comme s’ils étaient incapables d’admettre une position de principe et ne concevaient que les radotages de circonstance. Pour s’en gaver.

Obsession antimigratoire

Il faudrait tant d’autres tribunes enflammées, excédées, caustiques ou goguenardes, pour riposter aux déclarations ineptes proférées depuis porches ministériels ou plateaux audiovisuels par, la plupart du temps, le plus infatué bavard bravache d’entre eux. Sur un triptyque. Découdre. En découdre. Défaire. Dans un brouhaha continu. Perte de temps…

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Gérald Darmanin, un ministre aux ambitions sans bornes
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Pendant ce même temps commence l’opération « Wuambushu » à Mayotte, objectif : détruire un bidonville pour renvoyer ses habitants vers les Comores. Diversion, obsession antimigratoire, camouflage d’échecs et de ratages locaux et nationaux. Il faudrait, cette fois, une tribune à teneur géopolitique, humaniste et tout bonnement démocratique. Dans cette ambiance… Un élu mahorais qui appelle au meurtre…

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