C’est dans la revue « Insectes Sociaux » qu’a été publiée une étude anglaise révélant que la mauvaise réputation des guêpes ne tenait qu’à celle que les médias leur ont bâtie.

Bien qu’elles appartiennent toutes deux à l’ordre des hyménoptères, à l’instar des fourmis, guêpes et abeilles ne sont pas sur un même pied d’égalité. Quand les premières pâtissent d’une image négative, souvent associée au danger et à l’agressivité, les secondes bénéficient d’une bien meilleure réputation, certainement du fait de leur statut protégé, de leur rôle connu au sein de la biodiversité et des menaces qui pèsent sur la survie de l’espèce. Pourtant, les guêpes sont tout aussi utiles et pas mieux loties que les abeilles…

Selon les scientifiques anglais de l’University College London, cette vision populaire manichéenne serait largement biaisée par les médias. Car les guêpes jouent elles aussi un rôle essentiel au sein des écosystèmes naturels.

Le rôle essentiel des guêpes au sein de la biodiversité

Malgré leur image souvent négative, les guêpes sont des acteurs écologiques importants contribuant à la santé et à l’équilibre des écosystèmes.

Contrôle des nuisibles : du fait de son statut de prédatrice, la guêpe permet de réguler de nombreuses populations d’insectes considérées comme nuisibles, réduisant ainsi la nécessité de recourir aux pesticides.
Pollinisation : bien que son statut de pollinisatrice soit légèrement inférieur à celui de l’abeille, la guêpe se nourrit tout de même du nectar des fleurs, transportant le pollen d’une plante à l’autre et participant à leur reproduction.
Recyclage des déchets : certaines espèces de guêpes sont nécrophages, se nourrissant de carcasses d’animaux morts. Cette consommation permet alors de « nettoyer » l’environnement et d’accélérer le processus de décomposition naturel.
Contribution à la diversité biologique : comme la plupart des insectes, la guêpe fait partie intégrante de la chaîne alimentaire, représentant une source de nourriture pour de nombreuses espèces d’oiseaux, d’amphibiens et d’autres animaux.
Protection des écosystèmes forestiers : en régulant les populations de nombreux insectes herbivores, la guêpe aide à préserver les forêts et autres habitats naturels des dommages que ces insectes pourraient causer à la végétation.
Participation à la recherche scientifique : certaines substances produites par les guêpes sont étudiées pour leur potentiel en pharmacologie, notamment dans le développement de médicaments comme les antibiotiques.

guêpe fleur blanche butiner polliniser — Guêpe (*Vespula vulgaris*) en train de butiner – Crédits : Radu Bighian/ iStock

Une étude d’envergure sur la réputation des guêpes

Pour mener à bien leur étude, les chercheurs de l’University College London sont partis à la rencontre de nombreux spécialistes à travers le monde, les interrogeant au sujet de la réputation populaire de la guêpe, cet insecte mal-aimé. Après synthèse des données, les scientifiques ont constaté que la grande majorité des experts sondés affirmait que la couverture médiatique de la guêpe, contrairement à celle de l’abeille, s’avérait très négative, influençant alors l’opinion publique.

Les gros titres des journaux ne démentiront pas ce type de couverture : « Y-a-t-il plus de guêpes que d’habitude cette année ? » ; « Voici pourquoi les guêpes et les frelons sont plus agressifs à cette saison » ; « Faire la guerre aux guêpes avec des appâts révolutionnaires », etc. Autant d’intitulés susceptibles d’alimenter la haine populaire des guêpes, au grand dam des écologistes et des antispécistes.

guêpe bois insecte vue — Crédits : Nedomacki/ iStock

Pourquoi la guêpe souffre-t-elle d’une telle image négative ?

Malgré son importance écologique et les bénéfices qu’elle offre à l’agriculture et à l’environnement, les facteurs suivants, largement exagérés par les médias, influencent la réputation de la guêpe :

Piqûre douloureuse : contrairement à l’abeille qui meurt après avoir fait usage de son dard, la guêpe est capable de piquer plusieurs fois. Sa piqûre, relativement douloureuse, peut provoquer des réactions allergiques sévères chez certaines personnes sensibles, générant peur et aversion envers l’insecte. Pourtant, les piqûres d’abeille ne sont pas des cas isolés et peuvent être tout aussi douloureuses que celles d’une guêpe.
Comportement agressif : la guêpe peut se montrer agressive si elle se sent menacée ou si son nid est perturbé. Cette agressivité rationnelle la rend moins sympathique que d’autres insectes comme l’abeille, souvent perçue comme plus docile.
Intrusion dans les espaces humains : Attirées par les aliments et les boissons sucrées, les guêpes ont souvent tendance à s’inviter lors des pique-niques, des barbecues et autres repas extérieurs, alors considérées comme « intrusives ».
Manque de compréhension du rôle écologique : le grand public n’est pas toujours conscient du rôle positif que joue la guêpe au sein des écosystèmes, comme le contrôle des populations d’autres insectes et la pollinisation. Une méconnaissance qui contribue inévitablement à la mauvaise réputation de l’insecte.
Associations culturelles négatives : dans certains contextes culturels, les guêpes sont associées à des symboliques maléfiques, renforçant la perception négative et la peur de l’insecte.

guêpes manger fruit insecte pastèque mauvaise réputation — Crédits : Koster62/ iStock

Bien que la mauvaise réputation des guêpes puisse se justifier dans quelques régions du monde où les insectes sont très « envahissants » (notamment en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Afrique du Sud et en Argentine), les reportages biaisés sont hautement préjudiciables pour les populations de guêpes indigènes, qui assurent d’importants services écosystémiques en tant que contrôleurs antiparasitaires et pollinisateurs.

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